Le parcours d’Elena Serra est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Il a été mouvementé, parsemé d’embûches… Mais Elena n’est pas femme à se laisser abattre et aujourd’hui, elle a envie de crier au monde qui elle est. Découvrons ensemble l’histoire de cette femme mime…
Toute la Culture : « Il est rare de rencontrer une femme mime. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’exercer ce métier ? »
Elena Serra : « Quand on pense à un mime, on imagine souvent un homme. Je crois qu’il n’y a pas eu beaucoup de mime féminin ou, en tout cas, elles sont souvent dans l’ombre comme Giuletta Masina avec Fellini. Elle était tellement merveilleuse… elle m’a tellement inspirée dans la Strada. Fellini est un metteur en scène qui m’a beaucoup influencée. Comme je suis Italienne, il a bercé ma jeunesse, tout comme Chaplin, le cinéma italien de l’époque, Totò… Giuletta Masina était la muse de Fellini. Elle est la première femme mime que j’ai vue. Dans la Strada, elle portait un petit haut à rayures, comme Marcel Marceau… Le temps a passé et cela fait maintenant une trentaine d’année que je suis mime. Petite fille, j’avais un rêve : être comme Charlie Chaplin, quelqu’un qui pouvait amener le rire entre les larmes. C’était pour moi une échappatoire à la misère et à la solitude de cette petite fille que j’étais dans une Italie en proie à la confusion et dans une famille en proie à la déchirure. Mon père est mort quand j’étais petite. J’ai dû grandir sans lui, avec ma mère et ma sœur, dans une époque mouvementée, celle des brigades rouges. C’était le chaos pour moi. Il y avait beaucoup de brouhaha et le bruit, ça me fatigue. J’ai besoin de silence. Pour moi, le silence, ce n’est pas le calme. Pour moi, le silence, c’est plein. La plupart des gens ont peur du silence. Ils pensent que le silence est vide. Or, le silence est plein...
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